Conférences

Le vendredi 13 février, à l’hôtel Novotel de Vaugirard, à Paris, deux cents personnes se sont pressées à la conférence-débat du Pr Perronne et du Dr Vayssier. Dans une salle comble, notre Président, Claude Koehler, a fait une présentation de l’association et de ses objectifs, suivie des conférences des intervenants.

Intervention du Pr. Perronnepered2

Les tiques sont de véritables seringues vivantes qui constituent un vecteur de matériel génétique entre espèces animales, mais aussi humaine.
Décrit originalement comme une maladie nouvelle et locale.
Dans les faits, la momie corse Ötzi, âgée de 5300 ans, présentait la maladie de Lyme.
Difficultés pour le clinicien :
– Le patient se souvient de la piqûre de tique dans seulement 30% des cas.
– L’érythème migrant est absent dans 25% des cas, méconnu ou mal diagnostiqué.
Erythème migrant :
– EM initial au niveau de la piqûre de la tique, diamètre variant de 3 à 68 cm.
– Evolution : centrifuge avec éclaircissement central.
– Présence d’EM secondaires dans 50% des cas.
Difficulté diagnostique :
– Jusqu’à une vingtaine d’années, maladie inconnue des médecins français.
– Le plus souvent non diagnostiqué par le pharmacien, médecin.
Maladie de Lyme, Stades :
– Stade1 : EM
– Stade 2 : quelques semaines à quelques mois
o atteintes cardiaques, méningées, neurologiques, psychiatriques, articulaires, musculaires, osseuses…
o Fatigue chronique, douleurs
– Stade 3 : quelques mois à quelques années
o atteintes chroniques : neurologiques, cutanées, psychiatriques, articulaires, musculaires, osseuses
o fatigue chronique, douleurs
o syndromes auto-immuns
o un Lyme peut donner le même tableau qu’une sclérose en plaque, un lupus, une polyarthrite…
La maladie de Lyme peut tout simuler, comme la syphilis, accentuant le diagnostic de l’infection.
Le diagnostic repose principalement sur la sérologie (recherche d’anticorps que l’organisme a secrété contre l’agent infectieux). La sérologie peut-être négative bien que l’infection soit avérée.
Sérologie ELISA : sensibilité variable selon le test (de 20 à 80%).
La loi de Boston : la sérologie se fait sur une souche de référence provenant du Connecticut.
– Préconise un test en 2 étapes : ELISA, puis confirmation par Western Blot si ELISA positif.
– Interdiction officielle de faire un western blot si ELISA négatif.
Neuro-borréliose de Lyme chez l’enfant
– Publication suédoise mettant en évidence des affections neurologiques chez l’enfant dont la sérologie est positive dans 21% des cas seulement.
La sérologie n’est pas calibrée sur les malades, mais sur des individus sains, avec une valeur seuil de test de 5%. Il ne doit jamais y avoir plus de 5% de personnes malades dans une population donnée. Ce seuil n’a jamais été revu. pered
Une haute sensibilité des tests a été créée artificiellement. Les sérums détectent uniquement des souches américaines (non françaises) avec des tests basés sur des hautes quantités d’anticorps.
Le HCSP a constaté une grande variabilité des tests commerciaux. Les nouveaux tests se calibrent sur les anciens. Seuls 13/33 tests ELISA et 9/13 Western Blot seraient corrects, sachant que ces derniers sont déjà mal calibrés.
Les cas confirmés de Lyme à sérologie négative existent, et sont largement décrits dans les journaux médicaux.
Lyme en Europe
L’incidence est en forte hausse, mais les tests diagnostiques n’évoluent pas, toutefois les médecins y pensent davantage.
En France :
– 43 cas pour 100000 aujourd’hui, contre 9,4 pour 100000 il y a quelques années.
– Disparités régionales : incidence élevée en Alsace et en Meuse.
Aux USA :
En 2011, le CDC (Center for Disease Control) a changé certains critères : le Western Blot positif est maintenant suffisant pour le diagnostic. Possibilité aussi de déclarer des cas probables.
Conséquence : le Lyme est bien plus fréquent aux USA. Passage de 30000 cas /an à 300000 cas/an.
Concept de Lyme séronégatif :
Dans la théorie, les médecins y croient, dans la pratique, non. La plupart des médecins sont convaincus qu’il y a plus de faux positifs que de faux négatifs.
Le traitement antibiotique d’épreuve fait partie des critères diagnostiques de Lyme séronégatif.

Espèces de Borrelia
Un grand nombre de souches de Borrelia existe.
Co-infections après piqûres de tiques :
D’autres microbes peuvent être associés à la Borrelia (anaplasmose granulocytaire, babésiose, piroplasmose)
Traitement officiel des formes précoces du Lyme.
Phase primaire :
– Durée : 14 à 21 jours de traitement par amoxicilline ou doxycycline.
– Traitement antibiotique sans faire de sérologie.
Phases tardives :
– Durée : 3 à 4 semaines de traitement par amoxicilline, ceftriaxone, pénicilline.
– Si persistance des symptômes : refaire 4 semaines de traitement avec une autre classe d’antibiotique.
Si les symptômes persistent après 2 mois de 2 antibiotiques différents, aucune indication n’est donnée.
Les études randomisées montrent une efficacité de l’antibiothérapie si le critère de jugement est précis. En revanche, si le critère de jugement est trop grand (échelle de qualité de vie…), l’étude ne donne pas de résultat significatif.
Les études montrant le bénéfice des antibiothérapies sont nombreuses, mais elles se heurtent à des études précédentes soutenant le contraire.
Une étude récente montre que les Borrelia peuvent résister aux antibiotiques.
En terme de diagnostic, il faut objectiver les anomalies :
– Troubles cognitifs (orthophonie)
– IRM
– Lymphopénie
– Ponction lombaire
– Débit sanguin cérébral
– Marqueurs biologiques
Il existe des traitements non antibiotiques :
– Agents anti-fongiques
– Agents anti-paludiques
– Agents anti-parasitaires
– Phytothérapie : pépins de pamplemousse…
– Recharge régulière en vitamine D
– Agents destructeurs des biofilms : serrapeptase, stévia.
Les réticences de la communauté médicale sont nombreuses. La résistance aux antibiotiques est la principale crainte motivant le déni de la maladie de Lyme.

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